Le 23 octobre 2019, le Premier ministre Edouard Philippe lançait la stratégie de soutien en faveur des aidants, aux côtés d’Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé et de Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées.

En France, 11 millions de personnes s’occupent d’un proche en perte d’autonomie pour des raisons liées à l’âge, à un handicap ou à une maladie chronique ou invalidante. Elles  viennent en aide de manière régulière et fréquente, à titre non professionnel, pour accomplir tout ou partie des actes ou des activités de la vie quotidienne de leurs proches dépendants.  Ce sont les aidants (ou proches aidants) dont le statut a été reconnu par la loi d’adaptation de la société au vieillissement de 2016. A aujourd’hui, 52 % occupent un emploi et 58 % sont des femmes. 57 % accompagnent au quotidien un proche âgé dépendant. Or selon le rapport sur la concertation Grand âge et autonomie, le nombre de personnes âgées en perte d’autonomie passerait de 1 600 000 en 2030 puis à 2 235 000 en 2050.

La mise en place d’une stratégie de soutien des aidants est donc désormais indispensable, afin non seulement de reconnaître leur rôle mais aussi d’améliorer leur qualité de vie tant personnelle que professionnelle. Ce plan s’inscrit dans le cadre de la réforme sur le Grand âge et l’autonomie. 

Six grandes priorités ont été retenues :

La première consiste à “rompre l’isolement des proches aidants et les soutenir au quotidien”. Pour ce faire, plusieurs innovation verront le jour entre 2020 et 2022 comme la mise en place d’un numéro de téléphone national de soutien aux aidants ; la création d’un réseau de lieux d’accueil labellisés « Je réponds aux aidants » et des possibilités d’offres d’accompagnement par des professionnels dans tous les territoires.

La seconde prévoit l’ouverture “de nouveaux droits sociaux aux proches aidants et faciliter leurs démarches administratives”. Ainsi, a déjà été adopté par l’Assemblé nationale le congé indemnisé pour les salariés, les travailleurs indépendants, les fonctionnaires et les chômeurs indemnisés, en place dès octobre 2020. Dès cette même date, le congé de proche aidant indemnisé sera pris en compte automatiquement au titre des droits à la retraite, sans formalités à accomplir.

La troisième priorité exprime bien toute la philosophie sociétal du plan, à savoir,  “permettre aux aidants de concilier vie personnelle et vie professionnelle”. Ainsi, pour le proche aidant d’un enfant, l’assouplissement du congé de présence parentale et de l’allocation journalière de présence parentale pourront être pris de façon fractionnée, par demi-journées, dès janvier 2020 ; pour tous les aidants qui ont dû arrêter de travailler longtemps pour accompagner un proche, le retour à l’emploi sera facilité ; autre avancée de premier plan, le soutien aux aidants fera partie des thèmes de la négociation obligatoire dans les entreprises. Il sera aussi inscrit parmi les critères de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises.

La quatrième veut “accroître et diversifier les solutions de répit” par un plan national de renforcement et de diversification des solutions. A ce titre, 100 millions d’euros devraient être alloués à celui-ci entre 2020 et 2022.

La cinquième vise à “agir pour la santé des proches aidants, 31 % des aidants délaissant leur propre santé”, et ils sont souvent guettés par l’épuisement physique ou psychologique. Il convient donc d’identifier ces situations dans le dossier médical partagé (DMP) et par une sensibilisation des professionnels de santé ou d’accompagnement.

Enfin la sixième s’intéresse aux “jeunes aidants à épauler”. car d’après l’association nationale “Jeunes aidants ensemble” (JADE), près de 500 000 jeunes de moins de 25 ans gèrent le quotidien d’un proche dépendant.  Il s’agit donc de sensibiliser les personnels de l’Éducation nationale pour les lycéens et d’aménager l’organisation des études pour les étudiants..

A côté de ces mesures gouvernementales, d’autres initiatives contribuent à l’instauration d’une autonomie bien vécue avec des aidants soutenus. C’est le cas des 210 “cafés des aidants” existants en France à ce jour. Lieu d’échange, ils permettent à leurs participants de partager leurs expériences personnelles, d’être conseillés ou de trouver des solutions pratiques. Initialement créés par l’Association française des Aidants, ils tendent à se multiplier.   

On le voit, les solutions sont là. C’est encourageant dans la mesure où le soutien aux aidants, pour le maintien de l’autonomie de nos aînés, est l’affaire de tous. Car chacun d’entre nous tiendra peut-être un jour le rôle d’aidant d’un de ses proches. Reste désormais l’étape la plus cruciale : le vote de la loi dotée d’un financement à la hauteur de l’enjeu.