Dans le cadre de la réforme du Grand âge et de l’Autonomie, Myriam El-Khomri est en charge d’une mission sur l’attractivité des métiers du secteur. Son objectif est de  répondre aux besoins grandissants, numériquement et qualitativement, de l’accompagnement de nos aînés.

La revalorisation des métiers du Grand âge, qui rassemble aujourd’hui 830 000 personnes (en Ehpad et à domicile), se veut le pilier du système de prise en charge des personnes âgées. L’urgence est d’autant plus présente que l’évolution démographique fera augmenter ce nombre d’environ 20 % d’ici 2030 et que les plus de 85 ans pourraient passer d’ 1,4 million aujourd’hui à 5 millions d’ici 2060.

Alors, comment attirer les jeunes et les personnes éloignées de l’emploi vers les métiers du Grand âge ? Tel est l’enjeu de cette mission qui devra étudier la polyvalence des formations et des compétences, afin de rendre attractif ces métiers et leur permettre de répondre exactement aux besoins  des personnes âgées en perte d’autonomie.

Plusieurs leviers ont donc déjà été identifiés : 

– L’évolution des métiers et des compétences dont l’objectif premier est de répondre avec qualité aux besoins des personnes âgées. La formation notamment qualifiante étant le principal outil pour y parvenir.  

– Un recrutement facilité pour les employeurs, principalement par l’insertion professionnelle dans les métiers du Grand âge. Le plan d’action passerait essentiellement par une campagne de communication auprès des plus jeunes, initiée par l’Education nationale, les collectivités territoriales, les pouvoirs publics et les partenaires sociaux. 

– Une réelle qualité de vie au travail pour les professionnels du Grand âge, particulièrement dans les structures du service à domicile et dans les établissements de nouvelle génération qui vont se développer. 

– La possibilité d’évolution de carrière pour les professionnels du Grand âge, par l’évolution des statuts, les possibilités de choix et de changement de métier ou de structure (établissement ou service à domicile …).

– Une revalorisation salariale, qui est un paramètre déterminant de l‘attractivité de ces métiers, tant l’investissement humain des professionnels est indéniable et se doit d’être justement valorisé.

Par un véritable “Plan Métier” à élaborer et à mettre en place,  la mission confiée à Mme Myriam El Khomri témoigne que l’enjeu de valorisation des professionnels intervenant à domicile a, lui aussi, été mesuré. Car c’est cette solution de pouvoir rester chez soi, le plus longtemps possible et dans de bonnes conditions, qui est plébiscité par les seniors.

Reste la question de la priorisation des investissements financiers nécessaires pour accompagner le « virage domiciliaire » d’une société inclusive. Les premiers résultats de la mission “Métiers du Grand âge”, qui devront être exposés dès l’automne, donneront les premières tendances.

Il ne faut pas perdre de vue que tous les acteurs du secteur doivent participer, afin de permettre de mieux rémunérer les professionnels du Grand âge. Et en tête de liste, certains Conseils départementaux, dont les taux de  financement des prises en charge APA et PCH sont actuellement trop bas, ont ainsi un impact négatif direct sur les revenus des équipes. De même, des Conseils Départementaux ont tendance à multiplier les petits passages auprès des bénéficiaires, à financer les interventions à la minute, laissant ainsi, très peu temps à la dimension de socialisation. Pourtant, c’est  bien la présence des équipes d’intervenants qui aident à maintenir l’inclusion dans la société d’un public fragile, qu’un rien peut rapidement couper de toute vie sociale.

Ainsi, professionnels formés et qualifiés et conditions de travail valorisées sont les paramètres  d’urgence indispensables pour faire face au défi du Grand âge. Mais, cet axe primordial des métiers du Grand âge ne doit masquer le reste de la problématique sociétal : selon la Fédésap (Fédération des Services à la Personne et de Proximité), « le secteur de l’aide à domicile doit passer par une totale refondation et un financement à la hauteur des enjeux colossaux que représente l’évolution démographique de demain. » Sinon, c’est toute l’organisation médico-sociale de notre pays qui risque d’être impactée à terme.

La reconnaissance de ces métiers se doit d’être la réponse à la hauteur de l’implication physique et psychologique dont font preuve, sans relâche, au quotidien et avec dévouement, les professionnels du Grand âge.