Le défi à remplir est immense pour répondre au vieillissement de la population et à la volonté des Français de rester le plus longtemps chez eux” –  Myriam El Khomri.

Nous le savons tous ! Le vieillissement de la population tend vers une augmentation rapide. Elle sera de + 7% du nombre de personnes âgées dépendantes d’ici 2025, soit 1,5 million. Les besoins de personnels auprès de cette population vont donc s’accroître dans des proportions qui nécessitent de relever ce défi sociétal avec des actions appropriées et pertinentes.

C’est pourquoi, dans son rapport remis le 29 octobre 2019, Madame El Khomri propose la mise en place d’un plan de mobilisation nationale, sur cinq ans et fort de 59 propositions, pour « relever le défi de l’attractivité des métiers du grand âge et de l’autonomie ».

Le plan prévoit, chaque année entre 2020 et 2024, la création de 18 500 postes afin d’assurer la prise en charge des personnes âgées en perte d’autonomie. Soit, 260.000 professionnels à embaucher sur cinq ans. Et l’urgence est d’autant plus grande que le nombre de personnes à accompagner devrait augmenter de 20% d’ici 2030. 

Cinq axes majeurs ont donc été retenus pour faire de cette filière des métiers du grand âge un secteur professionnel capable de répondre aux besoins croissants.

Le premier axe concerne “la rémunération et les conditions d’emploi’ : afin de pouvoir recruter à hauteur des besoins, il apparaît nécessaire de refondre les conventions collectives dans le cadre d’une réévaluation des rémunérations, au plus tard le 1er janvier 2021. Cette initiative nationale commune à ces différentes conventions collectives devra tendre vers de meilleures conditions de travail et garantir de façon pérenne le niveau de rémunération. Une autre idée forte (qui reste encore à préciser) vise à faciliter la mobilité des professionnels à domicile.

Le deuxième axe vise à “réduire la sinistralité et à améliorer la qualité de vie au travail” :  le plan tend vers un objectif de la réduction de la sinistralité d’ 1/5ème dans les métiers d’aide soignant et d’intervenant à domicile, en 5 ans. Madame El Khomry énonce ici clairement qu’il faut passer, comme cela a été le cas dans le bâtiment, d’une logique curative à une logique préventive». Cette diminution des accidents du travail et des maladies professionnelles passent nécessairement par une amélioration de la qualité de vie au travail. En effet, ces métiers du grand âge relèvent souvent d’une certaine pénibilité par l’implication physique et psychologique. On constate, en effet, que le taux d’accidents du travail et de maladies professionnelles y est trois fois supérieur à la moyenne nationale. 

Le troisième axe a pour objectif de “moderniser les formations et changer l’image des métiers” : pour se faire il convient, entre autres,  d’ouvrir l’accès aux formations des métiers du grand âge et de les axer sur une polyvalence “établissement-domicile” ;  d’encourager le développement de parcours professionnels permettant la mobilité entre les métiers et entre les structures ; de diversifier les formations diplômantes et les parcours de formations. Et sans doute, de repenser les modes pédagogiques des enseignements concernés. 

Le quatrième axe doit être porteur d’une “volonté d’innovation pour transformer les organisations” : avec l’objectif prioritaire de créer des perspectives d’évolution de carrière et de rendre plus autonome les accompagnants. Tout comme susciter également un esprit organisationnel, managérial et technique également innovant. Ce sont là deux objectifs essentiels pour favoriser la valorisation professionnelle et permettre une reconnaissance juste et nécessaire.

Enfin le cinquième et dernier axe incite “à la mobilisation et à la coordination des acteurs et des financements au niveau national et dans les territoires” :  «Il faut une mobilisation nationale de tous les acteurs (État, départements, administrations centrales, missions locales…) et voir ces dépenses comme des investissements dans l’avenir» insiste Myriam El Khomri. Car l’enjeu est d’éviter qu’une dispersion des investissement et des actions des différents institutionnels, en soutien au métiers du grand âge, nuisent à leur efficacité. D’où la création, au niveau des départements, de feuilles de route précises et de plateformes dédiés à ces métiers, pour assurer la mise en œuvre du plan..  

Travail d’envergure, ce plan s’inscrit dans la suite du rapport Libault en vue de contribuer à l’élaboration de la grande réforme du Grand âge et de l’autonomie qui doit être votée prochainement.