Dans quelques semaines aura lieu le premier tour de la présidentielle. L’augmentation du nombre de personnes âgées dépendantes est devenue un véritable enjeu pour les années à venir.

Qu’ont prévu les candidats à la présidence sur ce sujet de société ?

François Fillon : encourager l’assurance privée, renforcer la formation

  • M. Fillon souhaite mettre en place un plan de professionnalisation des aides à domicile ainsi qu’une adaptation des logements au grand âge.
  • Le candidat LR compte aussi “faire de l’aide à la personne âgée dépendante une priorité dans l’engagement de service civique”.
  • Il propose le lancement d’un label pour les contrats d’assurance dépendance. Ces contrats seront assortis d’incitations fiscales qui permettront aux particuliers de déduire leur cotisation de leurs impôts.
  • D’autre part, il souhaite aussi développer les fonds viagers mutualisés et l’épargne autonomie.
  • Il tient aussi à favoriser l’accueil des élèves en situation de handicap dans les écoles ordinaires, et renforcer la formation des auxiliaires de vie scolaire.
  • Le candidat de droite compte aussi mettre en œuvre un quatrième Plan Autisme.
  • Enfin, il propose de favoriser la formation en alternance des personnes handicapées validée par un diplôme, avec l’accompagnement d’un tuteur.

Benoît Hamon: créer des places dans les Ehpad

  • Le candidat PS veut encourager la création de places dans les Ehpad publics ou ceux créés par l’économie sociale et solidaire.
  • Benoît Hamon veut augmenter l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) de 30 %, et mieux former et rémunérer les aidants.
  • Il instaurera aussi un crédit à taux zéro et un crédit d’impôts « bien vieillir » pour permettre à toutes les familles d’adapter leurs logements.
  • Benoît Hamon prévoit d’augmenter de 10% le minimum vieillesse.
  • Bien vieillir à domicile ou en Ehpad: il souhaite créer une allocation unique “Bien vieillir en APHAD”.

Emmanuel Macron: privilégier les solutions d’hospitalisation à domicile

  • Le candidat fondateur du mouvement “En Marche” veut augmenter le minimum vieillesse de 100 €, le portant à 900 € par mois, pour une personne seule. Les financements de ses différents projets ne sont pas précisés.
  • Emmanuel Macron propose de créer un droit à la formation pour les aidants, de mettre en place un accompagnement psychologique et d’autoriser le don de RTT entre collègues.
  • Il veut aussi créer un service sanitaire de 3 mois pour les étudiants en santé, afin qu’ils mènent des actions de prévention de la dépendance.
  • Emmanuel Macron prévoit l’augmentation de l’allocation aux adultes handicapés de 100€ par mois.
  • Il compte aussi donner l’accès à une auxiliaire de vie scolaire pour tous les enfants qui en auront besoin.

Marine Le Pen: créer une cinquième branche de la sécurité sociale

  • La candidate FN veut créer une cinquième branche « risque » de la Sécurité sociale, pour couvrir les dépenses liées à la dépendance. Cette mesure sera financée par la « lutte contre la fraude » en matière de dépenses de santé et par la suppression de l’aide médicale d’Etat (qui permet aux étrangers en situation irrégulière d’accéder aux soins).
  • Elle souhaite revaloriser le minimum vieillesse à la seule condition d’avoir la nationalité française (ou bien à 20 ans de résidence en France).
  • augmenter l’Allocation Adulte Handicapé (AAH) de 20%.
  • Elle compte aussi étendre le droit à l’oubli du dossier médical aux majeurs en rémission d’affection de longue durée, avec un délai maximal de 5 ans.

Jean-Luc Mélenchon : atteindre l’objectif 0 obstacle

  • Le candidat de la France insoumise souhaite créer 10 000 places/an en Ehpad, avec des tarifs accessibles à chacun.
  • Jean-Luc Mélenchon prévoit un réseau public de maison de retraite avec tarifs accessibles, mais sans financement précisé. Il propose aussi le recrutement d’environ 100 000 emplois dans le métier d’aide à domicile, sans préciser quel organisme effectuerait ces recrutements.
  • Il propose aussi de réduire le reste à charge de 500 € par mois pour les personnes en établissement et d’augmenter de 50 % le montant de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) pour ceux qui restent à domicile.
  • Plutôt qu’une journée de solidarité nationale, il propose une «journée de solidarité des riches», sans préciser son périmètre.
  • Il tend aussi à augmenter l’Allocation Adulte Handicapé (AAH) au niveau du SMIC.

L’avis de Vitalliance sur les différentes propositions sur la dépendance

Nous pensons qu’une approche intelligente du vieillissement de la population française et de la prise en charge du handicap passe par un mix d’un certain nombre des propositions des candidats, en tenant vraiment compte de la réalité des coûts générés.

Le programme idéal selon nous serait probablement :

  1. Utiliser l’engagement de service civique peut être une bonne idée à condition qu’il ne s’agisse pas de mission courte sans lendemain chez les personnes dépendantes.
  2. Provoquer une prise de conscience du public et l’amener à intégrer dans le coût des assurances le coût de la dépendance est un élément a priori indispensable du dispositif. Si la grande majorité des générations actives d’aujourd’hui ne se met pas en situation de faire face au coût financier à venir par leurs assurances privées, il semble évident que les budgets de l’Etat ne pourront pas suivre.
  3. Des aides ciblées pour le handicap ou l’APA peuvent faire sens, mais attention à ne pas faire des grandes déclarations de grands “arrosages”. Ceux-ci ne sauraient être viables économiquement s’ils ne sont pas clairement financés pour plusieurs années.

Notons enfin au passage l’incongruité de l’idée de Madame Le Pen, qui finance ce qu’elle donne d’une main en sanctionnant de l’autre main les “fraudeurs”.

Cette rhétorique pose un problème logique, puisque si le programme sécuritaire ferme prôné réduira le nombre de fraudeurs (c’est son objectif, sinon il ne sert à rien), il réduira aussi les revenus liés aux amendes perçues sur les mêmes fraudeurs (quoique l’on puisse aussi se demander si lesdits fraudeurs soient de toute façon en mesure de payer les amendes).  Mais alors comment va-t-on payer pour les non fraudeurs qu’il reste ?