Interview d’Anne, Intervenante à domicile de l’agence de Nantes, porte un regard constructif sur l’expérience Covid-19, dont elle-même a été atteinte.

Comment avez-vous vécu cette période de confinement ?

D’habitude, j’accompagne une personne trois fois par semaine. Mais, personnellement ayant eu le Covid début avril, j’ai dû m’arrêter pendant un mois en raison de la période de contamination à prendre aussi en compte. 

Le matin où j’ai eu les premiers symptômes, l’astreinte de l’agence n’était pas disponible, ce que je peux comprendre, le répondeur vocal était saturé. Ce n’est aucunement une critique car je sais que toute la chaîne d’organisation a été prise au dépourvu par la soudaineté de la situation. la consigne donnée par Vitalliance, en pareil cas, était d’appeler tout de suite son médecin traitant, tel que recommandé par les préconisations gouvernementales, cependant étant donné l’horaire très matinal, j’ai donc appelé le samu pour savoir quoi faire.

Lorsque que j’ai travaillé (en dehors de la période d’arrêt bien sûr), avec mes collègues notre travail habituel s’est doublé d’un rôle de “pédagogie” envers les personnes accompagnées. Tout était tellement inédit qu’il fallait répondre aux nombreuses questions et expliquer les gestes barrière. Mais surtout ne pas les inquiéter, les rassurer car l’angoisse était quand même bien présente.

Aujourd’hui, la vie est repartie avec le déconfinement, mais j’espère vraiment que les gens ne vont pas faire n’importe quoi,  dans la rue par exemple. 

Qu’est-ce qui a été le plus difficile ?

C’est sans doute le fait d’être tombée malade et donc ne pas pouvoir réaliser mes interventions. Mais aussi, le fait que les auxiliaires de vie ne soient pas considérées comme prioritaires au même titre que les infirmières, par exemple, afin de pouvoir retirer du matériel, comme les masques et les gants en pharmacie. Vitalliance nous avait donné les attestations nécessaire pour aller en chercher mais soit les pharmacies n’en avaient déjà plus, soit les stocks étaient réservés aux soignants. On sait très bien que ce n’était pas la faute de notre employeur. C’était la même chose pour les tests, les services d’aide à domicile n’étaient pas non plus prioritaires. 

Mais, maintenant que nous avons cette expérience du Covid et que le recul va permettre l‘analyse, il y aura certainement des choses perfectibles, au cas où il faudrait faire face à une éventuelle prochaine crise (espérons que non !). 

Mais au milieu de ce quotidien chamboulé, je me suis sentie vraiment épaulée par l’équipe de l’agence et les collègues. 

Qu’est ce qui vous a marqué le plus dans cette expérience ?

J’ai adoré le fait de sortir de ma zone de confort. Il fallait une  adaptation concrète dans toutes les situations : comment s’adapter rapidement pour faire des courses efficacement, comment maintenir les rituels pour préserver les repères de nos bénéficiaires, comment travailler entre collègues. Donc, humainement cela a été très intéressant d’être confrontée à cette situation. Mon expérience antérieure de cadre de éducatif m’a également aidé. 

Dès le début, Vitalliance nous a transmis toutes les consignes et les documents nécessaires. Le macaron autorisé pour la voiture qui nous évitait ainsi les contrôles de police. L’équipe de l’agence faisait les attestations en temps et en heure pour tous nos déplacements. Nous étions informés de l’évolution des consignes très rapidement par sms  et  par mail, avec des notices très détaillées. Pour ma part, il m’a juste manqué une petite grille des températures corporelles, puisqu’il était recommandé de la prendre auprès de nos bénéficiaires dans le creux de leurs coudes.

Vitalliance nous a aussi équipé rapidement de masques en tissu, ce qui était une bonne idée plutôt que les masques chirurgicaux. Je suis allée chercher le mien à l’agence. Ces masques sont plus agréables à porter, écologiques et jolis car ils font plus “domicile” et non pas “hôpital”. C’est important pour le moral de ceux que nous accompagnons. Et nous avions également un approvisionnement en gel hydroalcoolique et en gants. Tout ça est venu très rapidement de la part de Vitalliance. Tout était fait pour aller travailler dans de bonnes conditions avec une information régulière et rapide.

J’ai aussi aimé qu’on me demande de donner un coup de main. Par exemple, j’ai pu amener des collègues en voiture. Il y a eu une vraie solidarité professionnelle, on s’est épaulé. Et cela a été l’occasion de faire la connaissance d’autres collègues. Du coup lorsque j’ai été malade, elles m’ont appelée pour prendre des nouvelles. ça fait du bien.

Enfin, j’ai été très touchée par la sollicitude de mes collègues en agence, dont Emeline, la responsable, qui m’appelait régulièrement pour prendre des nouvelles de ma santé de façon tout à fait désintéressée. C’était une vraie sollicitude sincère et bienveillante. 

Pensez-vous que cela va changer l’approche du métier d'intervenant à domicile ?

J’aimerais  que les auxiliaires de vie soient un peu plus intégrés dans la chaîne de santé. Nous sommes les premiers interlocuteurs des bénéficiaires. On informe les infirmières, par exemple, si la personne ne prend pas ses médicaments ou on fait face à toutes les situations notamment quand la famille n’est pas là ou pas disponible. Parce que  nous, nous sommes là tout le temps.

Évidemment on voudrait être mieux considéré car, on aura tous besoin, un jour peut-être, d’être aidé par une auxiliaire de vie à la maison. Il faut donc une reconnaissance dans la façon de voir le métier, de mieux considérer son statut. Mais aussi une reconnaissance financière, pour le rendre plus attractif. 

C’est un travail intense, sur le plan physique et moral, pour régler les problèmes quotidiens, se coordonner intelligemment avec la famille, surveiller la santé. Donc c’est une vraie responsabilité qui fait appel à une grande polyvalence pour préserver le bien être de nos bénéficiaires. 

Pour être bien à domicile, il faut être entouré par du personnel compétent et qualifié. Et ça c’est notre rôle.