Témoignage des deux chargées de clientèle à l’origine de cette belle initiative
Afin de toujours mieux accompagner nos intervenants à domicile et de comprendre les besoins de nos clients, Coline et Marion ont décidé avant la période de confinement, elles aussi, d’aller sur le terrain. C’est en créant des binômes avec des auxiliaires de vie, que les deux chargées de clientèle ont pu se rendre aux domiciles de leurs bénéficiaires. Elles nous parlent de leur expérience et de ce qu’elles ont appris.
Bonjour Marion et Coline, pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours ?
Marion : J’ai fait un DUT (Diplôme universitaire de technologie) Carrières sociales, option éducation spécialisée. Lors de cette formation j’ai pu étudier tout ce qui est associé à l’enfance, le handicap de tout âge, la prise en charge en fonction du type de handicap et des besoins des personnes.
Ensuite, j’ai passé une licence professionnelle de Conseillère en qualité de vie et vieillissement. C’est à cette occasion que j’ai découvert toutes les pathologies liées à l’âge, la prise en charge du vieillissement pathologique et celle de celui dit “normal”.
Grâce à mon premier parcours et cette deuxième spécialisation dans le Grand Âge, j’ai pu avoir un mélange d’apprentissage sur les personnes en situation de handicap et sur nos aînés, ce qui me sert beaucoup dans le travail que je fais aujourd’hui.
Après mes études, j’ai directement intégré Vitalliance au poste de Chargée de clientèle pour l’agence d’Angers.
Coline : Pour ma part, j’ai fait un BTS (Brevet de Technicien Supérieur) en économie sociale et familiale. Grâce à cette formation j’ai pu effectuer un stage en structure pour personnes âgées et un autre dans une entreprise d’aide à domicile, ce qui m’a permi de voir la différence entre ces deux types d’accompagnements et de services d’aide à la personne.
Par la suite, j’ai réalisé une formation dans les ressources humaine avec un stage au sein de Vitalliance qui m’a finalement amené à évoluer au poste de Chargée de clientèle.
Il y a quelques temps, vous avez eu l’idée de créer le concept “Vis ma vie d’auxiliaire de vie”, pourriez-vous nous en parler ? Comment l’idée vous est venue et sur quels besoins en agence s’est-elle basée ?
Coline : Le concept est assez simple : on forme un binôme avec un auxiliaire de vie et on le suit dans l’une de ses missions quotidiennes, d’où le nom du projet “vis ma vie d’auxiliaire de vie”.
Ça nous ait venu car on voulait mieux appréhender le travail de nos intervenants. On a pu nous faire des retours sur le fait qu’on ne pouvait pas vraiment comprendre ce qu’il se passait sur le terrain… Et objectivement, c’est vrai, quand on est derrière son bureau c’est difficile de se faire une idée de la réalité et du quotidien du métier. C’est pour ça qu’on a fait le choix de suivre plusieurs intervenants pendant une mission : pour mieux les comprendre, mais aussi pour avoir une meilleure idée des échanges et des types d’accompagnements de nos clients.
Marion : C’est vrai que personnellement je ne suis jamais allée sur le terrain en tant qu’auxiliaire de vie. Pour moi la principale raison c’était vraiment de découvrir le métier d’intervenant à domicile : l’organisation que ça demande pour chaque mission, les conditions de travail, la préparation … Et ce afin de mieux comprendre les personnes avec qui j’échange au quotidien pour leur donner l’accompagnement adéquat.
Vous avez déjà effectuées plusieurs visites “Vis ma vie d’auxiliaire de vie”, quels sont les retours que peuvent vous faire les clients et les intervenants à domicile ?
Coline : J’ai fait mon intervention avec une auxiliaire de vie qui s’occupe d’une cliente qui est atteinte du Locked-in syndrome ou syndrome de verrouillage. Cette pathologie empêche la personne de bouger ou de parler alors qu’elle comprend et entend tout ce qu’il se passe autour d’elle. Le fait d’accompagner l’intervenante à domicile m’a permis de voir dans quel contexte elle travaille et en quoi consiste vraiment l’accompagnement quotidien auprès de cette personne.
Notre cliente vit avec sa mère, et j’avais rencontré quelques difficultés à communiquer par téléphone avec elle. Depuis cette rencontre, nos échanges sont beaucoup plus fluides et nous nous comprenons mieux.
Du côté de notre auxiliaire de vie, je pense qu’elle a réellement apprécié pouvoir me parler dans un autre contexte que celui de la gestion administrative des plannings au autres. Et grâce à ma présence sur le terrain j’ai pu prendre conscience de la difficulté de la mission et donc apporter des modifications à la gestion et à l’organisation de l’intervention.
Marion : Pour ma part j’ai eu la chance de faire deux visites.
La première c’était à l’occasion d’un rendez-vous au domicile d’un Monsieur tétraplégique pour faire un point sur les interventions que nous réalisons chez lui. L’auxiliaire de vie référent d’équipe pour ce Monsieur était présent et nous en avons profité pour faire ensemble une simulation des gestes techniques quotidiens (lever, aide à la toilette, …). J’ai pu voir tous les outils spécifiques nécessaires à la réalisation de ces gestes. L’intervenant à domicile s’est, je pense, senti valorisé en ayant l’opportunité de montrer ses astuces pour faciliter les gestes techniques. Le client en a profité pour me montrer toute la domotique (solutions techniques et électroniques pour répondre aux besoins de confort au domicile) que je ne connaissais pas et qui l’aide vraiment dans la gestion de son environnement et la préservation de son autonomie. C’était vraiment très intéressant, j’ai appris plein de chose et je pense que ce Monsieur a aimé partager tout ça avec moi.
Ma deuxième rencontre “Vis ma vie d’auxiliaire de vie” n’était pas au domicile du client, mais dans une salle de sport adaptée ! Nous avons un client en situation de handicap qui pratique une activité sportive régulière et on s’est donc tous retrouvés à la salle de sport.
L’intervenante m’a expliqué et montré comment elle accompagne ce Monsieur dans cette démarche sportive, comment elle fait les transferts et comment elle inclut les coachs sportifs. J’ai pu voir notre client dans un autre contexte que celui du domicile et attester que sportivement il se débrouille super bien ! Je n’ai malheureusement pas pu faire de sport avec lui, mais j’ai bien encouragé l’équipe. C’était vraiment génial !
Qu’est-ce que vous en retirez de ces visites “Vis ma vie d’auxiliaire de vie” ? En quoi ça vous aide à remplir votre mission quotidienne au sein de l’agence ?
Coline : On prend conscience que le métier d’auxiliaire de vie n’est pas simple et notamment en termes d’horaire et de planning. Par exemple, l’intervenante que j’ai suivi lors de sa mission, intervient le matin et le soir au domicile du même client. Je me suis rendue compte sur le terrain que c’est beaucoup trop fatiguant de tenir ce rythme. A la suite de cette visite, j’ai donc ajusté son planning.
Parfois aussi, on réalisait des binômes d’intervenants à domicile pour que des personnes à qui il manquait certains savoir-faire apprennent sur le terrain. Finalement, je me suis rendue compte que pour plusieurs pathologies, cette organisation n’est pas optimale et qu’il n’est pas possible d’envoyer des personnes qui ne sont pas totalement formées. C’est vraiment en allant à la rencontre des clients et des auxiliaires de vie qu’on se rend compte qu’il y a des pathologies plus compliquées et qu’il faut une bonne intégration et maîtrise avant qu’une personne intervienne seule au domicile
Marion : Pour ma part, ça m’a aidé dans un premier temps pour le recrutement de nouveaux collaborateurs. En ayant conscience des gestes techniques et de tout ce à quoi il faut penser pour une pathologie particulière j’ai adapté mon discours. J’ai pu beaucoup mieux préciser le type de mission et permettre ainsi aux candidats lors de nos échanges de se projeter plus facilement dans ce qui est attendu.
J’ai pu aussi me rendre compte de la complexité des missions et des responsabilités qu’impliquent le métier d’auxiliaire de vie. Pour tout ce qu’ils réalisent quotidiennement, il nous faut impérativement les valoriser à hauteur de leur investissement.
Je voulais rajouter qu’au delà de la vie au domicile, les personnes qu’on accompagne ont des centres d’intérêts et qu’il faut en prendre compte. Grâce à ma venue à la salle de sport et le moment que nous avons partagé avec le client, j’ai pu diversifier nos discussions, et ainsi faciliter l’échange avec lui.
Merci pour ce témoignage, est-ce qu’il y a quelque chose que vous souhaiteriez ajouter ?
Coline : Je voudrais dire quelque chose aux autres agences Vitalliance qui appréhendent peut-être de faire cette démarche.
En agence, nous avons principalement des échanges par téléphone, être sur le terrain, ça peut paraitre pas évident. On se demande un peu comment on va pouvoir gérer, où l’on va se mettre, etc. Au final, nos intervenants à domicile sont tellement contents de nous voir et qu’on soit avec eux sur place, qu’ils nous aident, ils nous mettent à l’aise. Il ne faut pas avoir peur d’y aller, surtout quand on sait à quel point ça nous apporte !
Je recommande vraiment aux agences de faire cette démarche, surtout quand il s’agit de pathologies rares où très spécifiques. C’est très enrichissant.